Leadership : 3 remparts contre les temps difficiles

En avril dernier, Christine Clerc a publié aux éditions Albin Michel un ouvrage très édifiant sur les moments difficiles du Général de Gaulle au titre révélateur : « tout est fichu » ; les coups de blues du Général. Dans cet ouvrage, l’écrivaine et journaliste politique évoque les déprimes et les doutes du Général, bref ses traversées du désert.

Ce n’est un secret pour personne : les temps difficiles n’épargnent guère les leaders et managers –qu’ils soient « grand » ou petit -. Pendant ces moments de déprime, il est constant qu’ils éprouvent une solitude parfois extrême. Il est généralement admis que la solitude augmente avec les responsabilités.

Lorsqu’on est dirigeant d’une association de lutte contre la délinquance juvénile dans les quartiers, on peut très vite devenir la cible des gangs. Lorsque sa PME traverse des tensions de trésorerie, le dirigeant se retrouve souvent seul face à des choix cornéliens. Lorsque comme récemment dans l’actualité, le dirigeant est séquestré par ses collaborateurs ou encore se retrouve sous les feux de la critique des politiques qui l’accusent de délit de mensonge, il peut tomber dans un état psychologique dangereux qui pousse généralement les moins préparés au suicide. Bref, dans la gestion de leur organisation ou des mouvements à la tête desquels ils sont, les leaders se retrouvent souvent seuls face aux décisions, aux problématiques de survie de leur affaire, à la désolidarisation inévitable de leurs collaborateurs et parfois aux attaques rangées des concurrents. Et, bien évidemment, ils éprouvent le besoin d’un environnement de soutien.

Il existe des remparts contre ces moments inévitables dans la vie de tout leader ou dirigeant, pouvant lui permettre de se sortir d’affaire, se revitaliser et retrouver l’appétit et la passion pour la mission et la vision qui est au cœur de son engagement. Ces remparts sont incrustés dans les trois cercles suivants :

>Le cercle des fidèles

Certains diront le cercle des intimes, peu importe ! Ce qui est vrai, c’est que lorsque la masse commence à douter du leader, à se retirer, à contester et à « tirer » sur le dirigeant, il est un cercle de fidèles qui constituent un rempart autour du chef pour l’aider à traverser le désert qui en fait, n’est pas que le sien. En effet, même si l’impulsion émane du chef, tout ce qui se construit est l’œuvre de tous ceux qui se mouillent avec lui, le conseillent et facilitent l’accomplissement des buts fixés. Les fidèles se doivent bien naturellement de dire la vérité au chef lorsqu’immergé dans ses ambitions et rêves, il fait fausse route et risque de compromettre le bon accomplissement de la vision.

Il est donc de la responsabilité du leader qui veut aller loin de se tisser un réseau de fidèles qui sont fiables, intègres et tout aussi prêt à donner leur vie s’il le faut pour la réalisation du but commun. Bâtir une relation de confiance avec un cercle de personnes intègres constitue un « must » dans la stratégie du leader pour se prémunir contre les inévitables moments de désert.

>La famille

Le cercle familial constitue une base de soutien indéniable pour le leader. Ce n’est certainement pas la très influente Michelle Obama qui me démentirait ; il n’est plus à démontrer qu’elle constitue un soutien de taille pour son mari, le Président des Etats-Unis.

Un leader qui ne peut compter sur sa famille est bien seul quand il traverse son désert aux prises avec la solitude. Des journalistes ont rendu compte que l’épouse du Général de Gaulle a probablement été l’une des seules personnes à partager de plus près ses moments difficiles rapportés dans le livre de Christine Clerc. Et bien évidemment, elle a dû remplir son rôle de soutien dans ces moments difficiles.

Mais pour pouvoir compter sur elle par temps difficiles, il faudra au préalable bâtir sa famille, en faire une cellule forte et unie. En accordant de l’attention à son conjoint et en développant des relations solides avec ses enfants ou ses proches, le leader se constitue une base de soutien infaillible en période de tempêtes. Malheureusement, la plupart des dirigeants sont incapables de relever ce défi, se privant ainsi d’un soutien de taille dans la réalisation de leur mission.

>L’univers intérieur du leader

L’ultime rempart est indéniablement le leader lui-même. Il existe un seuil à partir duquel les soutiens extérieurs se révèlent insuffisants pour relever le leader. Si celui-ci décrète son incapacité définitive à poursuivre le rêve, alors plus rien n’est possible avec lui. S’il laisse son moral sapé par les circonstances et se laisse atteindre par la grisaille, personne ne peut le remonter.

Lorsque tous ses soutiens sont dispersés et qu’il est pris pour cible, même s’il est atteint personnellement, le leader ne peut compter que sur lui-même pour se tenir debout et remobiliser ses troupes dans la droite ligne de sa vision et de sa stratégie. C’est en lui-même, en son for intérieur qu’il tirera le plus grand réconfort. Mais il lui faut préalablement garder au-dedans de lui les convictions, l’audace d’espérer et la foi, seuls à même de le faire renaître et prendre une longueur d’avance sur ses troupes abattues ou les forces adverses. Dans son parcours, il devra veiller constamment à protéger ses convictions, ses valeurs, son cœur et son moral contre toute atteinte extérieure.

Pour se prémunir contre les temps difficiles, le leader devra se forger un mental à toute épreuve, faire preuve de courage pour transcender et voir au-delà du factuel aussi catastrophique soit-il, afin de garder sa motivation pour le but poursuivi. La plupart du temps, la seule personne sur laquelle le leader puisse compter véritablement est à l’intérieur de lui-même. Tout leader averti le sait bien et travaille à se bâtir alors qu’il s’offre en service aux autres.

Séna Baba

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